L’ostéopathie est une forme de médecine alternative qui se concentre sur le diagnostic, le traitement et la prévention des troubles mécaniques du système musculo-squelettique. Son histoire est riche et remonte à la fin du XIXe siècle, marquée par des personnalités influentes qui ont façonné son évolution et sa reconnaissance.
Les Origines :
Andrew Taylor Still
L’histoire de l’ostéopathie commence avec Andrew Taylor Still, un médecin et chirurgien américain, né en 1828. Still est souvent considéré comme le père de l’ostéopathie. Après avoir perdu trois de ses enfants à cause de la méningite spinale en 1864, il se détourne de la médecine conventionnelle de l’époque, frustré par son inefficacité. En 1874, il fonda les bases de l’ostéopathie, prônant une approche holistique qui met l’accent sur la manipulation physique du corps pour améliorer la santé.
En 1892, Still fonde l’American School of Osteopathy à Kirksville, Missouri, la première école de formation en ostéopathie. Cette institution est aujourd’hui connue sous le nom de A.T. Still University. Ses élèves et ses successeurs ont contribué à la propagation de ses idées et à la formation d’autres praticiens.
En 1893, Daniel David Palmer est suivi au dispensaire de Kirksville durant un an. De retour à Davenport, il annonce la découverte de la Chiropractie en 1895 avant de fonder en 1897, en compagnie de James Strader (ostéopathe), la Palmer’s School of Chiropractic. Les concepts et les techniques sont très similaires à celles utilisées à Kirlsville à cette époque. La Chiropractie à depuis suivit une évolution qui lui est propre.
John Martin Littlejohn, un autre pionnier important, fut un élève de Still. Après avoir étudié puis enseigné à Kirksville, il rentra en Grande-Bretagne et y fonda la British School of Osteopathy (Londres) en 1917. Littlejohn a joué un rôle crucial dans l’adaptation de l’ostéopathie aux contextes européens, en intégrant des principes de la médecine classique.
Une Ostéopathie qui évolue
Au fil des décennies, l’ostéopathie s’est développée et a évolué, influencée par de nombreux autres praticiens. L’influence de Still et de Littlejohn est indéniable, mais d’autres noms méritent d’être mentionnés :
Pays Anglo-saxons :
William Garner Sutherland (1873-1954) : Pionnier de l’ostéopathie crânienne, William Garner Sutherland a développé des techniques spécifiques pour traiter les os du crâne, en insistant sur leur mobilité et leur impact sur la santé globale.
Harold Magoun (1898-1981) : Un des premiers auteurs sur l’ostéopathie crânienne, Harold Magoun a largement contribué à la documentation et à l’enseignement de cette spécialité.
Robert Fulford (1905-1997) : Ostéopathe américain influent, Robert Fulford a été un défenseur de l’ostéopathie crânienne et de l’approche énergétique de l’ostéopathie.
Fred Mitchell Sr. (1909-1974) : Pionnier et concepteur des techniques par énergie musculaire. Elles ont pour principe d’utiliser les propres contractions musculaires du patient pour corriger les dysfonctionnements.
Rollin E. Becker (1910-1996) : Disciple de Sutherland, Rollin E. Becker a joué un rôle clé dans la diffusion et l’enseignement des principes de l’ostéopathie crânienne et biodynamique.
Lawrence H. Jones (1912-1996) : Connu pour avoir développé la technique de manipulation dite « Strain-Counterstrain« , Lawrence H. Jones a introduit une méthode de traitement basée sur la relaxation musculaire et la réduction de la douleur par des positions spécifiques du corps.
Viola M. Frymann (1921-2016) : Pionnière de l’ostéopathie pédiatrique, Viola M. Frymann a dédié sa carrière à l’application des principes ostéopathiques chez les enfants et les nourrissons.
Anne Wales (1924-2008) : Anne Wales a contribué de manière significative à l’enseignement et à la pratique de l’ostéopathie crânienne, notamment en collaborant étroitement avec William Garner Sutherland.
Stanley Schiowitz (1924-2015) : Connu pour son développement de la technique de traitement « Facilitated Positional Release » (FPR), Stanley Schiowitz a apporté des innovations importantes aux techniques de manipulation ostéopathique.
John E. Upledger (1932-2012) : Connu pour avoir développé l’ostéopathie cranio-sacrée et avoir abordé l’approche émotionnelle.
James S. Jealous (1943-2021) : Fondateur de l’ostéopathie biodynamique, James Jealous a promu cette approche respectueuse des rythmes naturels du corps pour favoriser la guérison.
En France :
Jean-Pierre Barral et Jacques Weischenck : Reconnus pour leurs contributions à l’ostéopathie viscérale, Jacques Weischenck à développé des techniques de manipulation des organes internes pour améliorer leur fonction et leur interrelation avec le reste du corps en s’inspirant des travaux de Thure Brandt (1819–1895) et du Dr Frantz Glénard (1846-1920), quand dans le même temps Jean-Pierre Barral a développait des techniques fasciales. Ces dernières sont aujourd’hui prépondérantes.
Bruno Ducoux : Pionnier de l’ostéopathie aquatique, Bruno Ducoux a exploré l’utilisation de l’eau comme milieu thérapeutique pour faciliter les manipulations ostéopathiques, soulignant les bienfaits de l’environnement aquatique pour la relaxation et la guérison.
et bien d’autres comme, Marion C. Clarke (anatomie appliquée), Louisa Burns et Irvin Korr (travaux sur la physiologie de la dysfonction), etc., il est impossible de tous les citer. Qu’ils reçoivent mes excuses ici.
Les Débuts en France :
Pionniers et Premières Influences
Malgré la publication de « L’Ostéopathie: théorie et pratique » de J. Littlejohn et de « Manuel d’Ostéopathie pratique » du Dr Moutin & G.A. Mann en 1913, de « Les Vertèbres et leurs expressions pathologiques: guide pour le traitement par les manipulations » d’Hippolyte Rouhier (1931), et de « Manuel d’ostéopathie » de Paul Geny (1934), les débuts de l’ostéopathie en France restent confidentiels. Elle n’a réellement été introduite en France que dans les années 1950 et 1960. À cette époque, la médecine alternative était en plein essor, et l’ostéopathie a rapidement trouvé un écho parmi les professionnels de santé français.
Le Dr Robert Lavezzari, accompagné des drs Pascal Piedallu, Jean-Thierry Mieg et Roger Lescure fonde en 1952 la Société Française d’Ostéopathie (SFO) regroupant les médecins formés aux manipulations vertébrales.
En 1953, le Prf. Robert Maigne fonde le Syndicat National des Médecins Orthothérapeutes de France et de l’Union Française, aujourd’hui Syndicat National des Médecins Ostéopathes. Comme le précédent, il est exclusivement réservé aux médecins.
En 1959, Christian Trédaniel (1934-2011) crée l’Association Ostéopathique Internationale. En 1963, lassé des poursuites judiciaires, il dépose le nom «Étiopathie». Les cours débutent la même année au Collège européen d’ostéopathie dans le canton de Genève. En 1967, l’Association Ostéopathique Internationale devient l’Institut Suisse d’Étiopathie.
Paul Geny, ostéopathe et kinésithérapeute, crée en 1959, en compagnie de Thomas G, Dummer, l’École française d’Ostéopathie. Il est souvent considéré comme l’un des premiers à avoir introduit les concepts de l’ostéopathie en France. Il a contribué à la diffusion des techniques ostéopathiques et a formé de nombreux praticiens français.
En 1962,un arrêté ministériel crée un monopole d’exercice de l’Ostéopathie pour les seuls docteurs en médecine.
Cela ne freinera pas le développement !
En 1965, Paul Geny transfère son école à Londres. En 1971, elle fusionne avec l’Institut Ostéopathique de Techniques Appliquées, dirigé par J. Wernham et se fixe à Maidstone pour devenir l’École Européenne d’Ostéopathie (E.E.O.). Cette dernière est ouverte aux kinésithérapeutes français qui vont y découvrir et y apprendre, à temps partiel, l’ostéopathie.
Le Dr De Sambucy contribue dans les années 1970, par ses nombreux ouvrages et son enseignement des manipulations articulaires aux kinésithérapeutes, à l’essor de l’ostéopathie.
En 1980, Patrice Benini et Daniel Grosjean (ostéopathes et kinésithérapeutes) créent la Microkinésithérapie dont les concepts et les techniques sont, à l’origine, des techniques fasciales utilisées en ostéopathie.
Durant les années 1970 à 1990, l’ostéopathie en France a connu une période de structuration et d’institutionnalisation.
- En 1973 naît la première association d’ostéopathes créée par des ostéopathes issus de la European School of Osteopathy (Maidstone), le S.F.D.O. devenue depuis l’ A.F.D.O, (Association Française de Défense des Ostéopathes).
- En 1981, Jean Peyrière (1943-2024), Régis Godefroy (1945-1992), Jean Josse (1934-1990), et Robert Perronneaud-Ferré (1924-2019) créent le Registre des Ostéopathes de France ayant pour vocation de promouvoir l’essor d’une nouvelle profession de santé spécifique.
- En 1987, naît une nouvelle association professionnelle : Ostéopathes de France (UFOF).
Plusieurs écoles privées ont été fondées à Paris et Lyon, et des associations professionnelles ont vu le jour pour défendre les intérêts des ostéopathes. Jusqu’à la fin des années 1990, l’enseignement de l’ostéopathie dans ces écoles est réservée aux titulaires de diplômes médicaux ou para-médicaux. Ce n’est qu’ensuite que l’on voit apparaître les formations post baccalauréat dites « temps plein ».
Les Années 2000 :
La Reconnaissance Officielle
Le tournant des années 2000 a été marqué par une reconnaissance officielle de l’ostéopathie en France.
En juillet 1999, Monsieur Bernard KOUCHNER, Secrétaire d’État à la Santé et à l’Action Sociale confie au Professeur Guy NICOLAS une mission sur les pratiques ostéopathiques et chiropratiques. Le but est de déterminer « le minimum exigible pour une reconnaissance de la pratique ostéopathique ».
Le 4 mars 2002, la loi Kouchner introduit un cadre juridique pour la pratique de l’ostéopathie, marquant une étape cruciale dans la légitimation de la profession. Les décrets d’application ne seront publiés qu’en 2007.
Bernard Darraillans (1950-2020), ostéopathe et enseignant, a été une figure clé dans les discussions avec les autorités sanitaires françaises pour la reconnaissance officielle de l’ostéopathie. Il a également contribué à la formation des ostéopathes à travers diverses institutions éducatives.
L’ostéopathie a parcouru un long chemin depuis ses origines avec Andrew Taylor Still. De ses débuts aux États-Unis, en passant par son expansion en Europe, cette discipline continue d’évoluer, s’adaptant aux nouvelles découvertes scientifiques et aux besoins des patients.
Aujourd’hui, l’ostéopathie est reconnue et réglementée dans de nombreux pays. Aux États-Unis, les médecins ostéopathes (DO) sont des praticiens de plein droit, capables de pratiquer la médecine et la chirurgie. En Europe, notamment en France et au Royaume-Uni, l’ostéopathie est reconnue comme une profession distincte, souvent complémentaire à la médecine conventionnelle.
Il reste cependant encore beaucoup de travail a accomplir et de batailles à mener.