Tout a commencé il y a une vingtaine d'année, en préparant un cours sur la biomécanique du rachis cervical, par une question : pourquoi l'atlas et l'axis (les deux premières vertèbres cervicales) ont-elles ces formes si particulières ?

Toutes leurs caractéristiques mécaniques en dépendent, pourtant le monde médical ne pouvait pas me donner la réponse malgré de nombreux articles sur leur anatomie, et leur comportement mécanique. Je trouvais le comment mais pas le pourquoi.

La notion d'évolution des espèces a complètement disparu de la pensée médicale depuis le début du XXe siècle avec la disparition de l'anatomie comparée. L'anatomie fonctionnelle est devenue biomécanique avec ses nombreuses réponses sur le comment. Les articulations sont aujourd'hui étudiées pour elles-mêmes ou par rapport à une maladie jamais dans un contexte plus général d'un fonctionnement du corps dans son ensemble et encore moins d'un fonctionnement du corps dans un environnement.

Pour tenter de comprendre le pourquoi, il m'a fallu me tourner vers les sciences de l'évolution, et plus généralement vers les sciences du vivant, qui sont capables de décrire les transformations des structures en fonction de contraintes environnementales, puis vers les sciences de la Terre pour comprendre l'environnement, pour en faire une synthèse applicable à l'homme moderne.

Savoir d'où on vient, apercevoir les contraintes qui modèlent notre anatomie et notre physiologie permet de mieux comprendre pourquoi et comment notre corps réagit aux circonstances de la vie de tous les jours, dans la santé comme dans la maladie.

Une médecine peut-elle d'ailleurs exister sans intérêt pour l'humain ?

VI Une Question d'équilibre