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Jean-Marc TENENHAUS

Ostéopathe EurOst. D. O.

UN PREMIER PAS…

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Depuis la nuit des temps, l’Homme s’est interrogé sur son origine, son devenir et le sens à donner à son existence. Chaque peuplade, ethnie ou culture a développé ses propres mythes créateurs, sous la forme de cosmogonies diverses mettant toutefois en scène un élément mâle et un élément femelle primordiaux associés à une Eau nourricière de manière presque constante. Il faudra la révolution du monothéisme amorcée par le culte d’Aton pour voir apparaître une entité supérieure masculine ou au mieux androgyne.

Médecine, connaissance du corps humain et sacré sont intimement liés en fonction des conceptions métaphysiques dominantes. Aujourd’hui encore, même dans notre culture occidentale, les actes de foi, les prières et les dévotions participent à l’acte thérapeutique. Certes, le praticien ne pratique plus d’invocations ni de magie (au sens noble du terme), rationalise, à outrance parfois, sa démarche et son propos, mais réclame cependant l’adhésion inconditionnelle à sa conception thérapeutique, et la croyance (ce qui est un acte de foi) en son savoir, en l’efficacité du Médicament, nouvel autel devant lequel se prosterner sans contestations admissibles… Mais combien de consultants ne continuent-ils pas à allumer des cierges ou n’effectuent-ils pas des pèlerinages, dans l’expression parfois désespérée d’un instinct de survie en quête d’une santé recouvrée ? Malgré les immenses progrès accomplis, qu’il ne saurait être question de renier, la Médecine propose, la Nature dispose…

L’histoire des médecines (car elles sont plurielles, chacune se voulant fille de Panacée) montre l’évolution de l’homme-médecine à l’homme-médecin ; de l’homme dialoguant avec les Esprits de l’ombre au philosophe transmettant la lumière de l’Esprit (Brelet, 2002; Tubiana, 1995). Les écrits de Claude Bernard (en particulier Introduction à l’étude de la médecine expérimentale) amorceront un profond bouleversement conduisant à l’Evidence-based Medecine. Cependant, bien qu’elle s’en défende, la Médecine, au sens le plus large, reste un apprentissage ésotérique1 où l’élève fait le Maître. « Le plus difficile est la faculté d’écoute, qui se perfectionne avec l’expérience, mais qui ne peut exister sans un véritable intérêt, non seulement pour les symptômes de la maladie, mais aussi pour la vie et l’environnement du patient. » (Blétry, et al., 1995). Sans questions, il ne peut y avoir de réponse…

Des traces d’actes médicaux et chirurgicaux, de guérisons, sont attestées dès le néolithique (Broca, 1877) voire le paléolithique (Haeusler, et al., 2013). Aristote s’interrogeait déjà longuement sur l’origine du mouvement (Barthélemy-Saint Hilaire, 1883). Hippocrate définissait la médecine comme un art, une philosophie et une science ainsi que l’ont fait après lui Galien et Avicenne pour qui « la médecine est l’art de conserver la santé et éventuellement celui de guérir la maladie survenue dans le corps » (Avicenne, 1973). Léonard de Vinci remarquait que « la science de la mécanique est en cela si noble et utile en comparaison à toutes les autres sciences, qu’il se peut que tous les organismes vivants ayant la possibilité de se mouvoir soient régis selon ses lois » dans le Codex Atlanticus (Vinci, 1987).

Au travers de ces études, un questionnement plus profond apparaît en filigrane. L’étude du mouvement est indissociable de celle de son promoteur : la Vie. Comprendre intimement la marche, c’est comprendre le corps humain dans toutes ses composantes. Une utopie, un rêve un peu fou venu du fond des âges. Comme un tableau en clair-obscur, seuls quelques détails sont apparus à la lumière de notre vision, et nous entraînent vers la perception des recoins les plus sombres, ceux encore scellés à notre entendement.

Sur un plan historique, la première étude théorique de la marche humaine date de 1680 avec la publication du « De Motu Animalium » par Giovanni Alfonso Borelli 2. On y retrouve une des premières définitions des lignes de gravité du corps, un des premiers modèles explicatifs de la marche selon le principe du pendule.

 

                             

 

Figure 1: Planches extraites du « De Motu Animalium »  illustrant des mouvements du corps, inspirés par les théories iatromécaniques de Descartes. Borelli s'efforce dans son ouvrage d'appliquer aux mouvements des êtres animés les lois qui régissent la statique et les mathématiques. (Borelli, 1680)

 

Ce n’est qu’en 1836 (soit plus d’un siècle et demi plus tard) que les frères Wilhelm et Eduard Weber publieront l’une des premières études expérimentales concernant la locomotion humaine (Weber & Weber, 1836). Ils démontrent que le centre de masse du corps se situe à environ 56,7% de la hauteur corporelle à partir du sol, que celui-ci s’abaisse lorsque la fréquence du pas (donc la vitesse de marche) augmente, que cette augmentation diminue la période durant laquelle les deux pieds possèdent un appui au sol, que cet appui entraîne un fonctionnement en pendule inversé du membre porteur. On retrouve également dans cet ouvrage la première description d’un phénomène connu sous le nom de rotation automatique du genou.

Dans les années 1870, une "grave" polémique agite les mondes des courses et de l’art : au galop, lors des phases d’extension, un cheval a-t-il les quatre pieds en l’air simultanément ? En 1872, le physiologiste français Étienne-Jules Marey répond par la négative grâce à une expérience réalisée avec l’aide de capteurs de pression (Marey, 1873). En 1878, toujours pour la même problématique, un photographe américain, Eadweard Muybridge réalise une expérience désormais célèbre en photographiant un cheval au galop grâce à une série d’appareils se déclenchants successivement. Cette expérience confirme la position prise par Marey.

 

 

Figure 2 : «The Horse in motion. "Sallie Gardner," owned by Leland Stanford; running at a 1:40 gait over the Palo Alto track, 19th June 1878», planche montrant le résultat de l’expérience du 19 juin 1878 par A. Muydridge. Il s’agit du premier exemple de décomposition du mouvement grâce à la photographie. En rompant un fil situé à la hauteur de son poitrail, le cheval déclenche un appareil de prise de vue au fur et à mesure de son avancée. Parmi les nombreuses variantes existantes sur internet, celle-ci, peu connue et datée dans le texte, semble être la plus fidèle représentation de l’expérience réalisée (Library of Congress Prints and Photographs Division; http://hdl.loc.gov/loc.pnp/cph.3a45870, 2016)

 

Très intéressé par ces travaux dont il perçoit l’intérêt scientifique, Marey contacte Muybridge en vue d’une étude sur le vol des oiseaux. Les deux hommes se rencontrent en septembre 1881. Déçu par le peu d’intérêt scientifique des clichés présentés (dont il reconnaît cependant la qualité esthétique), Marey décide de reprendre ses propres travaux sur la chronophotographie et dévoile le fusil photographique en 1882 dans la revue La Nature (Marey, 1882), puis met au point le chronophotographe avec l’aide de son assistant, Georges Demeny.

La première étude cinématique de la Locomotion Humaine est présentée le 19 Mai 1884 par Marey devant l’Académie des Sciences.

« Dans une note du 25 Juin de l’année dernière, j’ai décrit une méthode photographique par laquelle on obtient, sur une même plaque sensible 3, un grand nombre d’images instantanées représentant les différentes attitudes du corps durant la marche, la course ou le saut. Sur ces figures, chaque image est réduite à des lignes représentant la direction des rayons osseux des membres et à des points correspondant aux centres de mouvement des articulations.

La Fig. [3] montre ainsi la série des attitudes des membres du côté droit, avec les positions de la tête, chez un homme qui marche d’un pas assez rapide. Les photographies ont été prises à des intervalles de 1/40ème de seconde, la longueur d’un pas complet étant de 1m, 75, la vitesse de l’allure 6300m à l’heure.

Sur ces épreuves agrandies, on peut étudier, comme sur une épure, les lieux géométriques de chacune des articulations du membre inférieur, la façon dont chacun d’eux s’engendre, ainsi que la part d’action qui revient, dans la progression, à la pesanteur et à l’action musculaire.

J’ai entrepris, avec M. G. Demeny, mon préparateur à la Station physiologique, la double étude cinématique et dynamique de la locomotion d’après les documents fournis par la photographie et par d’autres appareils, chronographes et dynamomètres inscripteurs. » (Marey, 1886)

 

 

Figure 3: Ci-dessus, portrait d'E.J. Marey. Source : http://www.devoir-de-philosophie.com/dissertation-grandes-dates-vie-etienne-jules-marey-139203.html, 2013.

Ci-contre, kinogramme tiré du compte-rendu de la séance du 19 mai 1884 devant l’Académie des Sciences de Marey montrant « la série des attitudes des membres du côté droit, avec les positions de la tête, chez un homme qui marche d’un pas assez rapide » (Marey, 1886). Il a été obtenu en photographiant un homme revêtu d'une combinaison noire portant des lignes blanches devant un fond noir (Marey, 1894). Le principe des études tridimensionnelles actuelles du mouvement sont les mêmes, mais la précision en a été accrue.

 

 

Figure 4: Chronophotographie extraite de la même présentation des travaux de Marey, (1886).

 

Eadweard Muybridge continua à développer la chronophotographie en même temps que Marey. Sa vision de la locomotion reste cependant artistique, centrée sur la recomposition du mouvement tandis que Marey analyse et décompose ce dernier afin d’en comprendre le mécanisme. Muybridge est surtout connu pour être un des pionniers du cinéma, Marey l’un des fondateurs de la biomécanique moderne.

 

Figure 5 : À droite, portrait d'E. Muybridge datant de 1912 (source : www.archives. upenn.edu/histy/features/muybridge/muybridge) et « Femme descendant un escalier et tournant », chronophotographie datant de 1885 à gauche. Le mouvement est décomposé, mais ne peut être analysé faute de repère. Extrait de la série « Animal Locomotion 1872 – 1885 ». (Muybridge, 1887)

Otto Fischer et Wilhem Braune, dans leur ouvrage Der Gang des Menschen publié en 1895 (et traduit deux ans plus tard sous le titre The Human Gait) relatent leurs travaux concernant la détermination du centre de gravité du corps, ceux des segments corporels, et leurs déplacements dans l’espace au cours de la marche ainsi que la détermination des moments d’inertie du tronc et des membres inférieurs.

 

 

Figure 6 : Déplacement du centre de gravité du corps dans les trois plans de l’espace selon Braune et Fischer (1895).

 

 

 

 

Figure 7 : Mécanisme d’articulation du centre de gravité du corps et des centres de gravité segmentaires lors de la marche. Modifié d'après  Fischer et Braune. (Op. Cit.)

 

 

 

En 1940, André Thomas (Thomas, 1940) introduit la notion d’équilibre dynamique en déclarant : « L’équilibre ne peut plus être considéré comme un état de repos quand il s’agit d’un corps dont toutes les parties sont douées d’activité ».

En 1956, Roger Toulon (Toulon, 1956) mène les premiers travaux stabilométriques mesurant les oscillations du centre de masse.

L’étude du mouvement humain a pris depuis une grande ampleur dans de nombreux secteurs de recherche. Elle intéresse des domaines tels que : la médecine, le sport, l’ergonomie, la robotique, l’animation et la simulation de personnages de synthèse.

 

 

 

NOTES :

1 Ésotérique : qui est réservé aux seuls initiés. Se dit d’un enseignement par apprentissage où la transmission du savoir se réalise directement de Maître à élève par opposition à l’enseignement exotérique accessible au plus grand nombre.

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2 À ne pas confondre avec les ouvrages à connotations essentiellement philosophiques du De Motu Animalium d’Aristote ou du De Motu Animalium Spontaneo, liber unus de Pierre Petit publié en 1660.

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3  La méthode consiste à photographier une personne portant des vêtements noirs munis de bandes blanches figurant l’axe des différents segments de membres à l’aide d’un appareil comportant un obturateur à disque rotatif et une plaque photosensible unique.

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RÉFÉRENCES :

Avicenne, 1973. Kitab Al Qanûn fi Al-Tibb - The Canon of Medecine of Avicenna. Trad. Gruner, O.C. , 1930, London ed. New-York : AMS Press.

Barthélemy-Saint Hilaire, J., 1883. Traités des parties des animaux et de la marche des animaux d'Aristote. Paris : Librairie Hachette et Cie.

Bernard, C., 1865. Introduction à l’étude de la médecine expérimentale. Paris : J.B. Baillière et Fils.

Blétry, O., Cosserat, J. & Laraki, R., 1995. Redécouvrir l’Examen Clinique–Clé du diagnostic,. Paris : Doin Editeurs.

Borelli, J., 1680. De Motu Animalium. Pars Prima. Romae : Typographia Angeli Bernabo.

Brelet, C., 2002. Médecines du Monde - Histoire et pratiques des médecines traditionnelles. Paris : Robert Laffont.

Broca, P., 1877. Sur la trépanation du crâne et les amulettes craniennes à l'époque néolithique. Paris : Ernest Leroux, Editeur.

Fischer, O. & Braune, C., 1899. Der Gang des Menschen. Liepzig : B. G. Teubner.

Galien, 1994. Oeuvres médicales choisies. Trad. Daremberg, C ed. Paris:  Gallimard.

Haeusler, M., Schiess, R. & Boeni, T., 2013. Evidence for juvenile disc herniation in a homo erectus boy skeleton.. Spine, 1 Feb, pp. 38(3) : E123-8.

Hippocrate de Cos, 1994. De l'art médical. Trad. Emile Littré; Prés., Comm. et Annot. Danielle Gourevitch ed. Paris : Le Livre de Poche.

Marey, E.-J., 1873. La machine animale - Locomotion terrestre et aérienne. Paris : Librairie Germer Baillière.

Marey, E-J.., 1882. Le fusil photographique. La Nature : revue des sciences et de leurs applications aux arts et à l'industrie, 22 Avril.pp. 326-30.

Marey, E.-J., 1886. Marey / 1886 /Station / physiologique / II /Locomotion / humaine Paris, 1886 (circa). [Online] Available at: http://www2.biusante.parisdescartes.fr/livanc/index.las?cote=extcdf006&do=chapitre [Accessed 30 Mai 2013].

Marey, E. J., 1894. Le Mouvement. Paris : G. Masson, éditeur.

Muybridge, E., 1887. Animal Locomotion - An electro-photographic investigation of consecutive phases of animal movements. Philadelphia :  The Photogravure Compagny.

Thomas, A., 1940. Equilibre et Equilibration. Paris : Masson.

Toulon, R., 1956. Équilibration humaine et évaluation de la posture debout. Paris : Maloine.

Tubiana, M., 1995. Histoire de la pensée médicale - Les chemins d'Esculape. Paris : Flammarion.

Vinci, L. d., 1987. Les carnets de Léonard de Vinci. Sous la direction d'Edward MacCurdy ed. Paris : Gallimard.

Weber, W. & Weber, E., 1836. Mechanik der menschlichen Gehwerkzeuge : eine anatomisch- physiologische Untersuchung. Göttingen : Dieterichschen Buchhandlung.

 

 

 

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