L’ostéopathie est une approche diagnostique et thérapeutique manuelle qui se concentre sur les dysfonctions de mobilité articulaire et tissulaire.
L’ostéopathie est une :
- Une approche Manuelle
- Une approche Traditionnelle
- Une approche de l’État de santé
L’Ostéopathie s’appuie sur différents Concepts
- Toute personne est une entité unique et indivisible.
- Le corps humain est constitué de divers éléments dont la forme et la structure sont conçues pour correspondre à leurs fonctions spécifiques.
- Le corps humain a la capacité de maintenir son équilibre interne et s’efforce constamment d’atteindre cet état, ce processus est connu sous le nom d’homéostasie.
- Le corps humain a la faculté de générer les substances requises pour son fonctionnement et sa maintenance, ce qui constitue sa capacité d’auto-guérison.
- Le corps humain est constamment en train de s’ajuster pour répondre aux demandes changeantes de notre environnement.
L’ostéopathie vise à vous soutenir tout au long de votre vie en maintenant ou en rétablissant, parfois partiellement selon votre état de santé, les capacités d’adaptation du corps humain.
Le titre d’ostéopathe est réservé à un professionnel inscrit sur une liste préfectorale : le numéro d’inscription doit figurer sur tous ses documents officiels.
Une Approche Manuelle
« Une main habile sans la tête qui la dirige est un instrument aveugle, la tête sans la main qui réalise reste impuissante. »
(Claude Bernard, Introduction à l’Étude de la Médecine Expérimentale, J.-B. Baillière et fils, Paris, 1865)
Dans sa pratique, l’ostéopathe utilise exclusivement ses mains tout en faisant preuve de raisonnement. Il part du principe que tous les éléments du corps se déplacent naturellement les uns par rapport aux autres. Lorsqu’un ou plusieurs de ces éléments perdent leur mobilité, cela entraîne un déséquilibre dans tout le corps, affectant ainsi l’état de santé général.
L’ostéopathe utilise un diagnostic spécifique pour identifier les éléments du corps humain ayant perdu une partie ou la totalité de leur mobilité naturelle. Pour ce faire, il se base sur une connaissance approfondie de l’anatomie et de la physiologie humaines, c’est-à-dire le fonctionnement du corps.
Le symptôme n’est que la partie apparente d’un déséquilibre qui touche l’ensemble du corps.
Cette approche manuelle globale de l’état de santé est spécifique à l’Ostéopathie.
Une fois les dysfonctionnements identifiés, l’ostéopathe s’attèle à leur réharmonisation en employant des techniques adaptées, élaborées pour chaque type d’élément et ajustées individuellement pour chaque patient.
Chaque traitement est individualisé, propre à chaque personne et à chaque consultation.
Approche Traditionnelle
L’usage du mot « Ostéopathie » est relativement récent. Il fut inventé par le Dr Andrew Taylor Still, fondateur de la discipline, en 1874 à Kirksville, Missouri, U.S.A. Il s’agissait pour lui de résumer en un seul mot l’essentiel de sa méthode : soigner les maladies par les leviers osseux.
Les concepts qu’il développe sont novateurs, mais pas révolutionnaires. Sa vision mécaniste du corps humain rejoint de grands courants de pensée déjà existants. Il apporte à ces courants une connaissance approfondie de l’anatomie et de la physiologie. Il affiche sa volonté d’ancrer sa philosophie et sa pratique dans un processus scientifique.
La manière d’utiliser les techniques est récente, mais elles sont en elles-mêmes ancestrales et remontent au passé le plus ancien de l’humanité. Des traces de leurs pratiques existent en Chine dès – 5000 ans avant notre ère, en Égypte vers -3500 ans ou encore en Grèce antique vers – 2400 ans où Hippocrate utilisait des manipulations (Garcia, 2001). Chacune des techniques de normalisation a été éprouvée par des siècles de pratique empirique. Le grand apport d’A.T. Still est de séparer les pratiques ancestrales de leur aspect sacré ou ésotérique pour les justifier selon un raisonnement anatomique et mécanique.
On ne s’invente pas ostéopathe, on le devient :
La maîtrise des techniques demande un long apprentissage et une pratique quotidienne.
Depuis l’époque d’A.T. Still, les techniques d’ostéopathie n’ont cessé de progresser en termes de fiabilité, de sécurité et de reproductibilité. Elles sont étudiées dans diverses écoles d’ostéopathie et organisations professionnelles. Au cours du XXe siècle, de nouveaux domaines d’application ont émergé, tels que l’ostéopathie crânio-sacrée et viscérale, et de nouvelles techniques continuent d’enrichir cette tradition.
L’Ostéopathie, à la fois science, art et philosophie, évolue en permanence avec son temps…
Référence : Garcia, JL; 2001, Mars. Les manipulations du rachis : définitions, histoire et place actuelle. La Lettre du Rhumatologue, 270 : 6-9
Approche de l’État de Santé
L’ostéopathe s’intéresse à l’état de santé, mais comment définir la Santé ?
« La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité.
La possession du meilleur état de santé qu’il est capable d’atteindre constitue l’un des droits fondamentaux de tout être humain, quelles que soient sa race, sa religion, ses opinions politiques, sa condition économique ou sociale. […]
Le développement sain de l’enfant est d’une importance fondamentale ; l’aptitude à vivre en harmonie avec un milieu en pleine transformation est essentielle à ce développement. »
(Préambule à la Constitution de l’Organisation mondiale de la Santé, 1946)*
« La santé, plus que l’absence d’infirmité ou de maladie est une qualité de vie comportant une dimension sociale, mentale, morale et affective tout autant que physique. C’est un bien instable qu’il faut acquérir, constamment défendre et reconstruire tout au long de la vie. »
(CEE – 1988)
« La santé est le fonctionnement régulier de tous les organes et de toutes les fonctions du corps humain ; elle est l’équilibre et l’harmonie de toutes les possibilités de la personne humaine, physiques, mentales, intellectuelles et suppose l’existence d’une force potentielle de réserve permettant à l’organisme de résister aux dysfonctionnements physiques et psychiques. Elle exige une adaptation aussi parfaite que possible aux exigences de la vie moderne, qui se modifient avec une extraordinaire rapidité. »
(E. Berthet, Centre International de l’Enfance, 1974)
Ces définitions sont au coeur de l’action de l’ostéopathe.
L’ostéopathe s’attache à rétablir la capacité d’adaptation de l’individu à son environnement, à normaliser le fonctionnement de chaque organe et fonction corporelle afin de promouvoir l’état de santé optimal, en activant la force de réserve potentielle inhérente à chacun. Son objectif est de réinstaurer une harmonie entre l’environnement interne et externe de la personne.
« La santé, c’est la vie dans le silence des organes. » disait Leriche en 1936, tandis que « La douleur est le symptôme qui vient perturber cette vie silencieuse des organes et pousse le patient à consulter. » selon Bézy en 2009. L’ostéopathie vise à rétablir ce silence des organes afin de favoriser la vie qui les anime et de restaurer la santé.
Grâce à ses compétences uniques, l’ostéopathe joue un rôle clé dans une approche de santé résolument pluridisciplinaire. L’efficacité de l’ostéopathie repose sur l’utilisation appropriée de la force de réserve, ce qui en définit également les frontières. Quand une maladie progresse plus rapidement que la capacité de réponse générable par une personne, il devient essentiel de se tourner vers d’autres formes de thérapies conventionnelles.
Références :
Préambule à la Constitution de l’Organisation mondiale de la Santé, tel qu’adopté par la Conférence internationale sur la Santé, New York, 19-22 juin 1946 ; signé le 22 juillet 1946 par les représentants de 61 Etats. 1946; (Actes officiels de l’Organisation mondiale de la Santé, n°. 2, p. 100) et entré en vigueur le 7 avril 1948.
Bézy, O, « » La santé c’est la vie dans le silence des organes » », La revue lacanienne, 1/2009 (n° 3), p. 47-50
Leriche, R, « De la santé à la maladie, la douleur dans les maladies, où va la médecine ? » in Encyclopédie française, vi, 1936. Il fut le premier chirurgien à s’intéresser à la douleur.
Les Concepts
L’Ostéopathie repose sur quelques principes de base relativement simples.
- Unité du corps
L’ostéopathie considère le corps humain comme une unité fonctionnelle où toutes les parties sont interconnectées. Les systèmes musculo-squelettique, neurologique, circulatoire, et autres doivent fonctionner harmonieusement pour maintenir la santé. Par conséquent, un dysfonctionnement dans une partie du corps peut affecter d’autres parties. - Structure et fonction sont interdépendantes
Ce principe affirme que la forme (anatomie), la structure (composition) et la fonction (physiologie) du corps sont intimement liées. Une altération de l’un influence les autres. Par exemple, une limitation articulaire (anatomie) ou une ostéoporose (composition) peut entraîner des troubles fonctionnels tels que des douleurs ou des problèmes de mobilité. Inversement, une limitation articulaire (physiologie) peut entraîner une déformation (anatomie) ou une usure prématurée (composition). Ce principe sous-entend la notion d’évolution des espèces : forme, structure et fonction ont été acquises progressivement en réponse à des contraintes environnementales et biologiques. - Capacité d’autorégulation
Le corps possède une capacité inhérente d’auto-guérison et d’autorégulation. C’est l’homéostasie. L’ostéopathie vise à favoriser cette capacité naturelle pour permettre au corps de se guérir lui-même. C’est une limite à l’action de l’ostéopathie car la capacité d’auto-guérison diminue avec l’âge, et certaines maladies (comme les cancers) la dépasse complètement. - Importance de la circulation des fluides corporels
La circulation efficace du sang, de la lymphe et des autres fluides corporels est essentielle pour la santé. Ceci correspond à la notion de nutrition cellulaire. L’ostéopathie s’efforce de maintenir ou de restaurer cette circulation pour assurer l’apport adéquat de nutriments et l’élimination des déchets. - Approche holistique et personnalisée
Chaque patient est unique, et l’ostéopathie adopte une approche individualisée pour le diagnostic et le traitement. Les ostéopathes prennent en compte l’ensemble du mode de vie du patient, y compris les aspects physiques, émotionnels et environnementaux, pour élaborer un plan de traitement adapté.
L’ostéopathie ne se limite pas à une manipulation manuelle du corps humain ; elle représente également une philosophie qui envisage l’être humain dans son intégralité. « La science sans conscience n’est que la ruine de l’âme. » (Rabelais, Gargantua et Pantagruel)
Chaque être humain est unique et irremplaçable
Chaque vie, chaque être humain est unique et irremplaçable. Nous sommes les héritiers d’une évolution qui a débuté avec l’origine de la vie il y a 3,85 milliards d’années. Notre corps est le résultat d’une accumulation de processus qui nous permettent de naître, de grandir, de vieillir et finalement de disparaître au sein d’un environnement spécifique : la planète Terre.
Le corps humain est une structure complexe composée de milliards de cellules, chacune ayant un rôle spécifique et la capacité de s’adapter aux changements des conditions externes et internes. Selon l’histoire individuelle, le style de vie et la profession, chaque corps humain possède des caractéristiques uniques qui le distinguent.
La Santé est le résultat d’un double équilibre
C’est pour cela que la bonne santé est le résultat d’un double équilibre. L’équilibre du corps par rapport à lui-même et l’équilibre du corps par rapport à son environnement. Que l’un des deux soit rompu, et la maladie survient.
L’idée que notre environnement influence notre santé n’est pas récente en médecine. Hippocrate (460-370 av. J.-C.) débute son « Traité de l’art médical » par des paragraphes soulignant cette importance. En comprenant l’environnement de son patient, le médecin « saura mieux préserver la santé et exercera l’art de la médecine avec plus de succès. »
Tandis que le médecin s’efforce de rétablir la santé en luttant contre la maladie, l’ostéopathe vise le même objectif en rééquilibrant le corps, c’est-à-dire en se concentrant sur la santé. L’ostéopathe ne néglige pas la maladie et sait la détecter, mais sa méthode de traitement est différente. C’est ce qui constitue la force, la singularité et les contraintes de l’ostéopathie.
Lorsque la maladie surpasse les mécanismes d’adaptation, comme dans le cas des tumeurs, ou les exploite à son avantage, comme dans les maladies auto-immunes ; lorsque ces mécanismes sont absents, comme dans les maladies génétiques, ou ne fonctionnent plus, comme lorsqu’un organe est endommagé ou détruit, l’intervention de la médecine devient essentielle.
Malgré la différence de concept, Médecine et Ostéopathie ne s’opposent pas, elles se complètent.
Restaurer la nutrition cellulaire
Pour survivre, chaque cellule de notre corps doit constamment communiquer avec les autres. Elle a besoin de recevoir de l’énergie et de se débarrasser de ses déchets pour fonctionner correctement. Depuis Galien (129-216 après J.-C.), le lien entre la circulation et la santé a été exprimé de différentes manières tout au long de l’histoire de la médecine. L’ostéopathe, par ses manipulations, cherche à rétablir la qualité de ces échanges et permet ainsi au corps de retrouver son fonctionnement habituel.
Réharmoniser la mobilité et éliminer une contracture sont des moyens d’atteindre cet objectif. Les recherches sur l’organisation des biofilms cellulaires révèlent qu’une cellule peut adapter son fonctionnement aux stimulations mécaniques qu’elle subit (Ingber, 1993 ; Ingber et al., 1994 ; Ingber et al., 2014 ; Mammoto et al., 2013 ; Donlan, 2002 ; Roux & Ghigo, 2006).
Trouver la cause
Un symptôme représente simplement l’aspect visible d’un déséquilibre plus complexe. Il apparaît quand l’organisme ne peut plus s’ajuster à une certaine situation. Ce déséquilibre peut exister sans signes extérieurs pendant un certain temps, ce qui correspond à un état de bien-être apparent. Le symptôme est donc un signal d’alarme qui peut être complexe à déchiffrer. Selon Galien, un symptôme « n’est significatif que pour celui qui possède une compréhension complète de l’état normal. »
L’ostéopathe se consacre à déterminer la cause véritable des symptômes, qui peut être fonctionnelle (relevant de sa compétence), organique (relevant du domaine médical) ou psychologique (relevant du domaine psychothérapeutique), et vous orientera en fonction. Reconnaître ses limites est conforme à un principe médical essentiel : « Primum non nocere » (En premier lieu, ne pas nuire). Établir ses limites est une réponse aux impératifs éthiques et moraux essentiels. La santé n’est pas un commerce !
Références :
Hippocrate, 1994. De l’art médical. Trad. Emile Littré; Présenté, Commenté et Annoté Danielle Gourevitch éd. Paris: Le Livre de Poche.
Ingber, D., 1993. Cellular tensegrity: defining new rules of biological design that govern the cytoskeleton. J Cell Sci, Mar, 104 (Pt 3) : 613-27.
Ingber, D. et al., 1994. Cellular tensegrity: exploring how mechanical changes in the cytoskeleton regulate cell growth, migration, and tissue pattern during morphogenesis. Int Rev Cytol, 150 : 173-224.
Ingber, D., Wang, N. & Stamenovic, D., 2014. Tensegrity, cellular biophysics, and the mechanics of living systems. Rep Prog Phys, Apr, 77(4) : 046603.
Mammoto, T., Mammoto, A. & Ingber, D., 2013. Mechanobiology and developmental control. Annual review of cell and developmental biology, 29 : 27-61.
Donlan, R., 2002. Biofilms: Microbial Life on Surfaces. Emerg Infect Dis, Sep, 8(9) : 881–90.
Galien, De la méthode thérapeutique, in Oeuvres médicales choisies, vol. 2, Gallimard, 1994
Roux, A. & Ghigo, J.-M., 2006. Les biofilms bactériens. Bull. Acad. Vét. France, Mar, 159(3) : 261-68.